Marion Roche, and Abanti Zakaria.

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À Nutrition International, nous savons qu’il faut souvent des jours, des mois, voire même des années d’apprentissage pour obtenir l’impact le plus grand pour les gens que nous servons. Cet apprentissage comporte parfois des erreurs le long du parcours, mais chaque leçon que nous en tirons vaut son pesant d’or.

Dans nos dix bureaux nationaux en Afrique et en Asie, nous échangeons constamment sur nos idées, nos enseignements et nos meilleures pratiques. Notre but? Extraire le plein potentiel de nos programmes existants et encourager la croissance de nouveaux programmes.

L’Initiative pour un bon départ de Nutrition International met principalement l’accent sur la nutrition des adolescents. Cette initiative attire l’attention dans le monde entier, particulièrement en ce qui a trait à la nutrition des filles, car elles constituent souvent le groupe le plus vulnérable en matière de pauvreté et de malnutrition. Pourtant, il y a encore beaucoup à faire.

Désireux de voir des progrès dans cette sphère, les membres du personnel de nos bureaux de l’Inde et d’Éthiopie ont récemment partagé leurs apprentissages issus de l’Initiative pour un bon départ. L’un des nombreux objectifs de l’initiative vise à améliorer la santé et la nutrition des adolescentes grâce aux suppléments hebdomadaires de fer et d’acide folique (FAF) que l’OMS recommande et à une éducation et des conseils nutritionnels.

Offerts par le biais de programmes étatiques, les programmes de FAF de l’Inde sont parmi les plus importants au monde. Le pays a ainsi développé de vastes connaissances et une sagesse qu’il peut partager avec l’Éthiopie qui élabore son propre programme de nutrition des adolescents. De fait, le succès et l’importance de l’expérience indienne ont suscité l’inspiration de l’équipe éthiopienne de nutrition des adolescents. Ce fut tout particulièrement le cas pour Ermias Mekuria, qui a eu l’occasion de rendre visite aux responsables du programme de FAF indien. Il a ensuite pu appliquer ces nouvelles connaissances dans son pays qui a récemment lancé son programme de nutrition des adolescents grâce à l’Initiative pour un bon départ.

« Le contact avec les programmes indiens m’a transposé dans l’Éthiopie du futur », a déclaré Ermias. Quoique l’Initiative pour un bon départ n’en soit qu’à ses débuts en Éthiopie, le programme compte atteindre près d’un million d’adolescentes avec des suppléments hebdomadaires de FAF et une éducation nutritionnelle d’ici 2019. »

Lors du compte-rendu de ce partage d’information, Ermias, agent de projet principal pour la nutrition des adolescents en Éthiopie, a résumé ce qu’il a appris :

1. Effectuer un suivi sur la présence à l’école pour une couverture optimale

Même s’ils sont séparés géographiquement, l’Éthiopie et l’Inde font face à des défis semblables en matière de normes culturelles.

Dans les deux pays, un obstacle courant avec lequel les adolescentes doivent composer est l’accès à l’école et la présence régulière. On attribue souvent ces obstacles à une mauvaise nutrition, à de mauvaises conditions sanitaires à l’école, au peu de moyens financiers des familles, aux mariages précoces, aux grossesses et à une discrimination généralisée basée sur le genre.

La fréquentation scolaire est essentielle pour la nutrition à long terme des filles. Puisque la prestation  des programmes de FAF hebdomadaires se fait directement dans les écoles, les filles qui n’y vont pas ne reçoivent pas les suppléments dont elles ont besoin pour réduire l’anémie et n’ont donc pas le potentiel de faire de meilleures études. Pour aider à suivre leur consommation de FAF, il est essentiel de suivre la fréquentation scolaire pour avoir les données les plus à jour et ainsi mieux comprendre les lacunes dans la prévention de l’anémie chez les adolescentes.

2. Reconnaître l’importance d’avoir des données désagrégées en fonction du genre

Une différence importante dans le programme de nutrition des adolescents indien est qu’il dirige ses interventions scolaires, et en particulier les suppléments de FAF et l’éducation nutritionnelle, aux adolescents et aux adolescentes, alors qu’en Éthiopie, les garçons participent seulement à l’éducation nutritionnelle.

Avec un taux de 53 %, la prévalence de l’anémie est élevée chez les filles et les femmes en Inde. Mais l’anémie reste une préoccupation auprès des garçons et des hommes, avec un taux de plus de 23 %.

D’autre part, il y a peu de données concernant les adolescents en Éthiopie. À l’heure actuelle, il n’y a pas de données nationales sur l’ampleur de l’anémie chez les garçons âgés de 10 à 19 ans. De plus, les données concernant les filles sont limitées : les enquêtes qui touchent les « femmes en âge de procréer » fournissent des données sur les adolescentes âgées de 15 à 19 ans, mais excluent les filles âgées de 10 à 14 ans.

Les garçons ont un besoin biologique en fer inférieur à celui des filles pendant l’adolescence à cause des menstruations. Cependant, le manque de données peut empêcher les décideurs et les agents de programme à bien comprendre les besoins réels de supplémentation en FAF chez ces groupes cibles, et par conséquent, peut entraîner la conception de programmes qui ne considèrent pas adéquatement ces besoins.

3. Travailler dans un environnement de politique favorable

Enfin, la tournée des programmes de FAF en Inde a souligné l’importance de travailler dans un environnement de politique favorable pour la mise en œuvre réussie de programmes de nutrition des adolescents.

Le gouvernement indien prend l’anémie très au sérieux et a posé des gestes concrets pour la contrer grâce à son programme national « Un pays exempt d’anémie ». L’une des principales priorités est de distribuer le FAF hebdomadaire pour réduire l’anémie chez les adolescents. En fait, le programme indien a commencé comme projet de démonstration dans l’état de Chhattisgarh en 2010 et il a pris de l’ampleur depuis pour atteindre 108 millions d’adolescents dans tous les états.

L’Éthiopie a aussi démontré son engagement envers l’élimination de l’anémie en lançant son deuxième programme national de nutrition (PNN II) en 2016. Le premier objectif stratégique de ce programme, soit l’amélioration de l’état nutritionnel des femmes de 20 à 49 ans et des adolescentes de 10 à 19 ans,  fait particulièrement référence à la supplémentation en fer et en acide folique pour les adolescentes.

Le succès du programme national de FAF indien démontre l’importance d’avoir un gouvernement qui a la santé des adolescents à cœur. Il donne aussi espoir que les interventions qui ciblent l’anémie en Éthiopie puissent en accomplir autant à l’avenir.

« De retour en Éthiopie et muni de toutes ces nouvelles connaissances, notre équipe pourra appliquer cet apprentissage, notamment le suivi de la fréquentation scolaire. Les nouvelles connaissances nous aideront à amplifier l’Initiative pour un bon départ et donner à plus de filles la chance de réaliser tout leur potentiel, » d’expliquer Ermias.

Il est possible d’accélérer les améliorations en matière de santé et de nutrition pour les adolescents mondialement – tout particulièrement parce que des champions de la nutrition des adolescents comme Ermias se dévouent à la cause et saisissent toutes les occasions de partager leurs connaissances.

Pour en savoir davantage sur l’Initiative pour un bon départ

Le 11e Congrès mondial sur la santé des adolescents

Ermias s’est aussi rendu en Inde pour assister au 11e Congrès mondial sur la santé des adolescents sous le thème « Investir dans la santé des adolescents – l’avenir, c’est maintenant » où il a d’ailleurs présenté son expérience avec la récente mise en œuvre de nouveaux projets de nutrition des adolescents en Éthiopie comme l’Initiative pour un bon départ. Le congrès a offert une tribune mondiale aux participants afin de présenter de nouvelles approches et de meilleures pratiques qui contribuent à accélérer les actions en matière de santé et de droits des adolescents, à la fois sur la scène internationale et plus particulièrement en Inde et dans la sous-région.