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Un jour de campagne à Mwanza, au Malawi, la clinique de santé locale est en effervescence. Des parents serrent leurs enfants contre eux en attendant leur tour de recevoir une dose de supplémentation en vitamine A (VAS).

L’Organisation mondiale de la santé recommande que les enfants âgés de 6 à 59 mois présentant un risque de carence en vitamine A reçoivent une VAS tous les quatre à six mois. Il s’agit d’une intervention peu coûteuse et à impact élevé qui permet de lutter contre le risque de maladie et de décès lié à des infections infantiles telles que la rougeole et la diarrhée.

L’affluence dans la clinique est un bon signe : les enfants reçoivent leurs doses de vitamine A. Mais qui les apporte ? Quel rôle le genre joue-t-il dans le déploiement d’interventions sanitaires pour les jeunes enfants ?

A health worker measures a young child girl growth who is sitting on her mother's lap at a health clinic in Malawi

Ce sont les questions que Nutrition International cherche à examiner dans le cadre de son initiative « Sauver des vies grâce à la vitamine A », financée par le gouvernement du Canada. Le programme de 18 mois, qui a été lancé en réponse à la baisse de la couverture due à la COVID-19, vise à atteindre jusqu’à 35 millions d’enfants avec la VAS dans les pays d’Afrique ayant des niveaux élevés de carence en vitamine A et de mortalité infantile. Le cadre du programme comprend une stratégie visant à obtenir des informations sur les dynamiques de genre afin d’évaluer les défis et les possibilités de rendre la programmation en VAS sensible au genre à l’avenir. Ceci est en accord avec la stratégie d’égalité des sexes (disponible seulement en anglais) de Nutrition International qui intègre le genre dans tous les aspects de notre travail.

Anecdotiquement, la grande majorité des soignants qui amènent leurs enfants à la clinique sont des femmes. Cependant, les données quantitatives et qualitatives axées sur l’égalité des sexes dans le cadre de la prestation de services en VAS font défaut. Si elles sont recueillies et analysées, elles peuvent contribuer à renforcer la conception et la mise en œuvre des programmes en VAS afin que l’enfant ne bénéficie non seulement d’une intervention sanitaire essentielle, mais que le programme lui-même puisse influencer un environnement plus équitable pour les femmes et les soignants.

« Il est important de chercher à savoir comment les programmes influencent la dynamique de genre », a expliqué Caitlin Gomez, conseillère technique pour la survie de l’enfant chez Nutrition International. « Il ne s’agit pas seulement de voir comment le genre influence la couverture, mais il y a aussi la responsabilité de s’assurer que les programmes en VAS ne renforcent pas les inégalités de genre. »

A mother wears a mask while taking her child to an under-5 health clinic in Malawi

La première consiste à réviser les questions posées dans les sondages de couverture post-événement réalisés auprès des ménages locaux après la fin d’une campagne en VAS. Ces sondages rapides, inspirés des programmes de vaccination et réalisés dans le mois qui suit la campagne, sont souvent utilisés pour vérifier les données administratives de couverture et déterminer les facteurs qui ont affecté la couverture. Bien que les sondages couvrent de nombreux aspects de la prestation de services et de la participation du ménage, ils ne posent pas systématiquement de questions destinées à faire ressortir les réalités de genre. La version actualisée cherchera à savoir si c’est un homme ou une femme qui a emmené l’enfant recevoir le service en VAS, tiendra compte d’éléments tels que le temps de trajet et qui a le pouvoir de décision concernant la santé de l’enfant au sein du ménage.

« Il s’agit d’essayer de comprendre certains de ces déterminants sociaux pour voir s’il s’agit de facteurs qui limitent l’accès des gens à la campagne », a déclaré Sarah Pentlow, agente de programme principale pour l’intégration des genres à Nutrition International. « Compte tenu de la portée du programme, nous avons pensé que la chose la plus efficace que nous pouvions faire pour promouvoir l’égalité des sexes serait d’essayer d’améliorer les connaissances des gouvernements sur les contraintes liées au genre dans les campagnes de masse. » Les sondages mis à jour sont en train d’être déployés dans sept pays d’Afrique subsaharienne. Les enseignements tirés de ce déploiement, ainsi que les meilleures pratiques mondiales parmi les partenaires, seront intégrés dans une révision complète des directives de GAVA sur les sondages de couverture post-événement, qui sera publiée début 2022.

A child receives a vitamin A supplementation dose at a health clinic in Malawi

En plus des sondages, Nutrition International prévoit également d’entreprendre des analyses approfondies fondées sur le sexe et le genre (SGBA) dans certains pays. Cette recherche fournira un point de vue qualitatif qui examinera la dynamique de genre comme elle est spécifiquement liée au VAS. Les SGBA examineront la manière dont l’information est partagée, si elle cible davantage un sexe spécifique et où se trouvent les opportunités. « Cela nous aidera à approfondir et à comprendre les contraintes et les opportunités liées au genre », a déclaré Mme Pentlow. Elle a cité l’exemple de la Tanzanie, où, pour la première fois, un père a emmené ses enfants pour la VAS. « Y a-t-il une possibilité de tirer des enseignements de cette expérience et de promouvoir le rôle des hommes en tant que soignants qui partagent la responsabilité d’emmener leurs enfants pour la VAS ? » Les SGBA seront en mesure de fournir des recommandations pour l’intégration de la dimension de genre dans le contexte spécifique d’un pays.

Dans chaque cas, les résultats seront présentés et partagés avec les gouvernements des pays pour les aider à déterminer comment ils veulent aborder l’intégration de la dimension de genre dans leurs campagnes en VAS et leurs plateformes de prestation de services. « L’objectif est de permettre aux pays d’utiliser les données pour corriger le tir et d’être équipés pour apporter des améliorations fondées sur des données probantes à leur programme, en cherchant comment il est mis en œuvre et comment il communique avec les communautés », a déclaré Mme Gomez.

L’examen des facteurs liés au genre et pertinents pour la VAS est un premier pas vers la création d’une programmation sensible au genre qui fournit aux enfants l’intervention salvatrice dont ils ont besoin tout en jetant les bases d’un monde plus équitable en matière de genre.