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Asher John 3 m_old and Camela Subillaga

J’ai récemment publié l’étude « Cost of Not breastfeedins: Global results and a new tool » (Le coût de ne pas allaiter : résultats mondiaux et nouvel outil) en collaboration avec l’organisme Alive & Thrive. Analysant les données de plus de 100 pays, cette étude a estimé les coûts sanitaires, humains et économiques dus à l’absence d’allaitement maternel des nouveau-nés et des jeunes enfants selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’UNICEF. L’étude conclut que les coûts infligés au système de santé et en perte de productivité s’élèvent à près de 700 000 vies et de 341 milliards de dollars annuellement à travers le monde. Cela représente une perte de près de 1 milliard $ US chaque jour.

Le nouvel argumentaire d’investissement de Nutrition International (2018-2024) décrit un plan de mise à l’échelle d’interventions qui aideront à accroître l’allaitement maternel dans nos 10 principaux pays d’interventions. Bien que notre organisation ait traditionnellement soutenu la supplémentation en iode, en vitamine A, en fer, en acide folique, etc., l’allaitement maternel a toujours constitué un élément important de nos programmes destinés à la survie des enfants. Au fil des ans, le mandat de Nutrition International s’est élargi et notre organisation se penche dorénavant sur la nutrition dans son ensemble. Ainsi, nous avons introduit un soutien plus explicite à l’allaitement maternel exclusif dans nos programmes de nutrition des nourrissons et des jeunes enfants au niveau communautaire. Plus récemment, nous avons mis l’accent sur l’introduction rapide de l’allaitement maternel dans le cadre d’un ensemble d’interventions à la naissance.

Profitons donc de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel 2019 pour examiner la question suivante : « Pourquoi investir dans l’allaitement maternel ? »

L’allaitement maternel affecte directement la survie, la santé et les facultés cognitives des enfants, éléments essentiels pour atteindre leur plein potentiel.  Il aide à prévenir des infections potentiellement mortelles, à accroître l’intelligence et à réduire les risques de surpoids et de diabète. L’allaitement maternel réduit le risque de cancer du sein chez les femmes, voire le cancer ovarien et le diabète de type 2. La série sur l’allaitement maternel du magazine Lancet (2016) avance des preuves sur les avantages de l’allaitement maternel pour la santé et la nutrition des mères.

L’OMS et l’UNICEF recommandent de commencer l’allaitement maternel dans l’heure qui suit la naissance, de pratiquer l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois et de poursuivre l’allaitement maternel pendant au moins deux ans.

Cependant, à l’échelle mondiale, seuls 41 % des enfants de 0 à 5 mois reçoivent l’allaitement maternel exclusif. L’adoption plus répandue de la pratique éviterait des coûts sanitaires, humains et économiques.

À première vue, dans la figure 1, la conséquence économique absolue de ne pas allaiter dans les 10 principaux pays d’intervention de Nutrition International s’élève à 58,8 milliards de dollars par année. Ce chiffre semble inférieur à celui d’autres pays à revenu plus élevé. Le coût moyen mondial de ne pas allaiter, soit le coût économique total par rapport au rendement économique (% du revenu national brut (RNB)), se situe à 0,7 % du RNB. Toutefois, le coût moyen dans les 10 principaux pays est jusqu’à cinq fois supérieur, ce qui laisse entendre que l’absence d’allaitement maternel selon les recommandations de l’OMS et de l’UNICEF affecte ces pays de manière disproportionnée. Ces chiffres confirment que l’allaitement maternel devrait effectivement constituer une priorité d’investissement dans ces pays.

Si les conséquences économiques de l’absence d’allaitement maternel ne sont pas suffisamment convaincantes, les données probantes de l’impact sur la santé des enfants devraient inciter les pays à agir. Les 10 principaux pays d’intervention de Nutrition International comptent plus de cas annuels de mortalité infantile attribuée à l’absence d’allaitement maternel (309 000) que l’ensemble des 196 autres pays du monde (285 000) (figure 2). L’outil en ligne d’Alive & Thrive ou l’annexe supplémentaire de l’étude Cost of Not Breastfeeding présentent le détail de ces résultats pour les principaux pays d’intervention de Nutrition International.

Nutrition International s’engage à protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement maternel optimal. De concert avec le Collectif mondial pour l’allaitement maternel et par le biais de nos programmes, Nutrition International investit pour fournir les meilleurs soins possibles aux femmes et aux enfants. Nous voulons atteindre les personnes qui s’occupent de plus de trois millions d’enfants d’ici 2024 pour leur offrir des conseils en matière de nutrition dès la grossesse, afin d’optimiser la pratique de l’allaitement maternel dans nos principaux pays d’intervention. Nous soutiendrons également les politiques et les programmes qui créent un environnement favorable à la protection de la maternité et à l’attribution de congés payés pour encourager l’allaitement maternel optimal pour les nouveau-nés, les nourrissons et les jeunes enfants. De plus, nous travaillerons à la conception et au maintien de structures de soutien communautaire pour les mères qui allaitent et les personnes qui les appuient.

Pendant la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, encourageons l’effort mondial qui vise à accroître les investissements dans l’allaitement maternel pour aider les mères et les personnes qui s’en occupent à fournir des soins optimaux aux nouveau-nés et aux nourrissons.