Luz María De-Regil.

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ZACH Sénégal POSTE DE SANTE TOUBA TOUL J1

Nutrition International a publié des conclusions qui comblent les lacunes en matière de recherche sur la supplémentation en iode des femmes afin de réduire les troubles liés à la carence en iode avant la conception, pendant la grossesse et en période post-partum.

L’iode est essentiel à la croissance et au développement du bébé pendant la grossesse. Si les réserves d’iode des femmes sont trop faibles au début et pendant la grossesse, ou si le nourrisson n’ingère pas suffisamment d’iode par l’allaitement maternel, des dommages irréversibles peuvent survenir. Plusieurs études ont démontré qu’une carence grave en iode entrave la croissance physique et le développement mental normal des enfants, ce qui se traduit par une baisse du quotient intellectuel.

La supplémentation en iode, principalement sous forme d’huile injectable ou comestible, était courante entre 1950 et 1970 afin de pallier les carences graves en iode. Cependant, sa mise à l’échelle en tant qu’intervention de santé publique s’avérait impossible en raison des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement. C’est ainsi que le sel iodé a vu le jour, offrant un moyen efficace et abordable d’aider les populations à satisfaire leur apport quotidien en iode. Toutefois, 30 % de la population mondiale, surtout les personnes déplacées ou qui vivent dans des situations d’urgence, ne consomme toujours pas de sel suffisamment iodé – et plus d’un milliard de personnes souffrent toujours d’une carence en iode. Cette situation a contraint plusieurs pays à envisager (ou à envisage à nouveau) la supplémentation.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF recommandent la supplémentation en iode pour les femmes enceintes et qui allaitent dans les pays où moins de 20 % des ménages ont accès à du sel iodé. L’OMS conseille d’ailleurs que peu importe le contexte, les femmes enceintes devraient envisager des suppléments d’iode en présence de preuves de carence en iode. Cependant, aucune de ces recommandations s’appuie sur une revue complète et actualisée des recherches sur la supplémentation en iode.

Pour combler cette lacune, ma collègue Kimberly Harding, conseillère technique en matière de santé et de nutrition de la mère et du nourrisson et moi – ainsi que des collègues de différentes institutions – avons récemment mené une étude systématique pour évaluer les bienfaits et les effets néfastes de la supplémentation en iode avant, pendant et après la grossesse sur la santé des femmes et celle de leur nouveau-né. Cette étude a porté sur onze essais contrôlés aléatoires et quasi aléatoires auxquels plus de 2700 femmes ont participé.

Les conclusions ont montré les avantages de la supplémentation en iode sur les indicateurs de l’apport en iode et de la fonction thyroïdienne, un meilleur développement mental chez les enfants et une probabilité moindre de crétinisme, une condition irréversible qui retarde gravement le développement physique et mental. Toutefois, les femmes qui prenaient des suppléments ont signalé une fréquence plus élevée de nausées et de vomissements.

Dans l’ensemble, les bienfaits de la supplémentation en iode semblent l’emporter sur les effets secondaires, mais le nombre limité d’essais et leur mauvaise qualité empêchent de tirer des conclusions plus solides.

Alors que les éléments de preuve s’accumulent, Nutrition International poursuit ses efforts pour augmenter l’accès au – et la qualité du – sel iodé pour les populations les plus vulnérables afin de s’assurer que toutes les femmes, y compris celles qui sont enceintes, reçoivent de l’iode pour protéger leurs nouveau-nés contre des handicaps cognitifs à vie. Nous continuerons aussi nos travaux auprès des gouvernements et leurs conseillers pour encourager la cohérence entre les politiques de réduction de l’apport en sel et celles qui visent à améliorer le statut en iode.

Références et liens

WHO Guideline – Fortification of food-grade salt with iodine for the prevention and control of iodine deficiency disorders (en anglais seulement)