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Appel à l’action
« Accélérer les investissements, la mise en oeuvre et la coordination pour améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire en Afrique “.

Nous, les Leaders de l’Action Gouvernementale des États membres de l’Union Africaine, réunis à Abidjan, le 8 décembre 2022, dans le cadre de la mise en oeuvre de la feuille de route du thème de l’année 2022 de l’Union Africaine consacré à la résilience nutritionnelle et à la sécurité alimentaire pour examiner les multiples défis posés par la faim et la malnutrition sous toutes ses formes et identifier les actions et stratégies pour y faire face,

Saluons le leadership de SEM ALASSANE OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire, pour son plaidoyer auprès de ses pairs qui a permis l’adoption par l’Union Africaine du thème de l’année 2022 et pour avoir accueilli cette réunion de haut niveau conjointement organisée par la Côte d’Ivoire et l’Union Africaine.

Saluons également SA MAJESTE LETSIE III, Roi du Royaume du Lesotho et Champion de l’Union Africaine pour la nutrition, pour ses actions en faveur de la promotion de la nutrition sur le Continent.

Exprimons toute notre gratitude aux Leaders Africains pour la Nutrition (ALN) pour les
efforts déployés pour la promotion de l’agenda de la nutrition sur le continent depuis 2014.

Félicitons le Président de la Commission de l’Union Africaine, de même que tous les partenaires et parties prenantes pour leur coopération et leur soutien dans le plaidoyer en faveur d’un environnement favorable au financement et à l’investissement dans la nutrition aussi bien dans les situations de paix et de stabilité, que dans les périodes de conflits et de crises en tous genres.

1. Considérant la vision à long terme de l’Agenda 2063 de l’Afrique, de même que les aspirations africaines communes adoptées par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine basées notamment, sur le potentiel de populations bien nourries et en bonne santé avec un accent particulier sur les femmes, les adolescents et les enfants

2. Prenant note des politiques continentales et des principaux engagements de l’Union Africaine, notamment la Déclaration de Malabo sur la sécurité nutritionnelle pour une croissance économique inclusive et un développement durable en Afrique [Assembly/AU/Decl.4 (XXIII)], qui reconnaît que la sécurité alimentaire sans une meilleure nutrition ne permet pas l’obtention de résultats socio-économiques inclusifs souhaités, au regard du nombre croissant de personnes touchées par la faim et la malnutrition ; la Stratégie régionale africaine de nutrition 2015-2016; la Décision de la Conférence sur l’alimentation scolaire à domicile pour 2016 [Assembly/AU/Dec.589(XXVI)], entre autres

Reconnaissant, en outre, les cibles mondiales en matière de nutrition convenues par
l’Assemblée mondiale de la santé (AMS), et les lignes directrices de l’OMS en matière
de nutrition pour atteindre ces cibles ; et tenant compte des objectifs de développement
durable des Nations Unies, en particulier les objectifs 1, 2, 3, 4, 5, 6, 10,13 et 17

3. Considérant le capital humain, social et économique comme étant la clé du développement et qu’il contribue à l’amélioration de la vie des individus, de même qu’à l’accroissement des gains et des revenus des pays

4. Reconnaissant la sécurité nutritionnelle, en plus de la sécurité alimentaire, comme étant un facteur essentiel des droits de l’homme et les efforts conjoints pour faire face à la crise alimentaire continentale en vue de répondre directement aux besoins des personnes les plus vulnérables sur le plan nutritionnel (par exemple, les femmes en âge de procréer, les nourrissons et les jeunes enfants)

5. Prenant note des conclusions de l’étude sur le coût de la faim (Cost of Hunger in Africa) et de la sous-nutrition en Afrique notamment de l’impact de la sous-nutrition des enfants sur la santé, l’éducation et la productivité et soulignant l’importance d’une collaboration multisectorielle entre tous les secteurs

6. Résolus à assurer l’alignement des objectifs stratégiques nationaux sur l’agenda continental et mondial de la nutrition et de la sécurité alimentaire pour une mise en oeuvre et une responsabilité mutuelles

7. Observant avec inquiétude la prévalence de la faim et de la malnutrition sous toutes formes confondues sur le continent, ainsi que ses causes profondes, complexes et multifactorielles

8. Notant avec préoccupation qu’en dépit des résultats non négligeables obtenus dans de nombreux pays, que des défis continuent de fragiliser les efforts des Etats membres, notamment l’impact croissant et négatif du changement climatique sur la sécurité alimentaire, la santé, la protection sociale, l’approvisionnement en eau et l’assainissement qui sont des fondamentaux pour une bonne nutrition

9. Reconnaissant la nutrition comme facteur de cohésion sociale et de résilience de nos populations, de nos communautés et de nos pays africains

10. Soulignant la nouvelle ” Initiative sur l’action climatique et la nutrition (ICAN) “et l’initiative Alimentation et Agriculture pour une transformation durable (FAST) également lancées lors de la COP 27 à Sahm Elsheikh invitant à se concentrer sur les efforts d’adaptation au changement climatique et le renforcement de la résilience nutritionnelle à soutenir le résultat de la COP 27 concernant la création du fonds des risques et dommages

11. Notant que la communauté mondiale de la nutrition fait de la nutrition un programme de développement sur le Continent en y accordant une attention particulière à travers un accroissement des investissements en Afrique

12. Se félicitant des conclusions de la réunion de haut niveau d’Abidjan qui, prenant note des efforts déjà déployés aux niveaux national, régional et continental en matière de nutrition, appelle à leur renforcement et à l’adoption d’une position africaine commune pour lutter contre toutes les formes de malnutrition.

A cet égard, pour atteindre très rapidement les objectifs de la Déclaration de Malabo de 2014 relatifs à l’éradication de la faim, à la réduction du retard de croissance des enfants à 10% et de l’insuffisance pondérale à 5% d’ici 2025

Nous convenons de ce qui suit:

1. AGIR afin de mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes, en tenant particulièrement compte des besoins spécifiques de tous les enfants, y compris les plus jeunes, les adolescentes, les femmes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les autres groupes vulnérables, ainsi que les personnes en situation de crise humanitaire, en mettant particulièrement l’accent sur les femmes et les enfants dans la fenêtre des 1000 jours entre la conception et le deuxième anniversaire de l’enfant.
2. TENIR compte de l’ensemble des déterminants de la malnutrition et de la faim qui varient d’un pays à l’autre et surtout leur interconnexion
3. PRENDRE des actions urgentes et nouer des partenariats solides dans une approche globale, systémique, synergique et coordonnée de toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements, la société civile, le secteur public et privé, la communauté des chercheurs, les femmes et les jeunes, pour accélérer les progrès en matière de nutrition et de sécurité alimentaire
4. OPERER des changements durables avec des systèmes agroalimentaires durables, sensibles au climat et respectueux de l’environnement y compris l’utilisation de semences indigènes résistantes à la sécheresse, des systèmes de santé résilients avec une couverture sanitaire universelle, des systèmes d’assainissement et d’eau potable inclusifs, une éducation/alphabétisation efficace et des systèmes de protection sociale pour tous, y compris les jeunes enfants, les plus pauvres et les plus vulnérables sur le plan nutritionnel.
5. RENFORCER ET INVESTIR dans le cadre national de coordination multisectorielle avec la participation de toutes les parties prenantes, notamment la société civile, le secteur publique et privé, le milieu académique et de la recherche, les femmes et les jeunes, pour une convergence des interventions comme approche pertinente pour accélérer l’amélioration de l’état nutritionnel de la population.
6. RENDRE les programmes de nutrition sensibles au genre et s’attaquer de manière adéquate aux obstacles liés au genre pour accéder à des programmes et services de nutrition de qualité.
7. INCLURE les bénéficiaires cibles, en particulier les femmes et les adolescentes, dans la conception, la mise en oeuvre, la révision et l’amélioration des programmes, afin de s’assurer que leurs besoins uniques sont bien pris en compte.
8. ADOPTER, selon les réalités de chaque pays, un ancrage adéquat de la plateforme de coordination facilitant la responsabilisation et la redevabilité de chaque secteur concerné par la problématique de la nutrition, notamment l’agriculture, la santé, l’eau/assainissement, l’éducation/alphabétisation, le commerce, l’industrie, l’autonomisation des femmes, etc.
9. RENFORCER le cadre législatif, réglementaire et normatif de la nutrition et favoriser l’adoption d’un cadre politique continental pour intégrer la nutrition dans les programmes nationaux de santé, de développement agricole, de protection sociale, d’éducation.
10. RENFORCER la gestion des données et les systèmes d’information, la génération de connaissances et la diffusion pour éclairer la prise de décision prenant en compte une allocation budgétaire adéquate pour une souveraineté des Etats en matière de données sur la nutrition
11. MOBILISER des ressources matérielles et humaines destinées à des interventions prioritaires en matière de nutrition, notamment les programmes d’alimentation scolaire tant au plan national qu’au niveau Communautaire. MOBILISER également aussi bien à travers des partenariats publics privés qu’à travers des financements innovants comme la taxation sur certains produits d’importation en vue d’assurer de manière efficace et autonome les investissements des programmes en matière de nutrition
12. FAIRE de la nutrition une des priorités de la programmation et de la budgétisation de l’action gouvernementale en élaborant et en adoptant un objectif de financement de la nutrition afin de garantir des ressources pour la mise en oeuvre, y compris à la fois par des budgets dédiés à la nutrition et des budgets sectoriels qui intègrent la nutrition
13. ACCROITRE les investissements stratégiques pour mieux lutter contre les menaces liées au climat sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle afin d’atteindre l’objectif à long terme d’une alimentation saine, durable et de qualité pour tous en Afrique
14. RENFORCER au plan continental le mécanisme de suivi des engagements, de traçabilité des financements et des interventions nutritionnelles, en cohérence avec les systèmes nationaux, à travers la création d’une Agence Africaine de Coordination sur la nutrition appuyée par des Bureaux sous-régionaux.
15. Renforcer la sécurité alimentaire et la résilience nutritionnelle à travers le commerce intra-africain des produits issus des systèmes agroalimentaires et des systèmes de contrôle alimentaire dans le cadre de la mise en oeuvre de la ZLECAf en vue de favoriser davantage la résilience nutritionnelle sur le continent.
Encourager tous les états membres de l’Union Africaine à ratifier le protocole au traité
instituant la Communauté économique africaine relatif à la libre circulation des
personnes et aux droits de séjour en vue de faciliter et d’accroître les échanges intraafricains.
16. CREER ou RENFORCER les opportunités existantes pour l’apprentissage mutuel et le partage d’expériences entre les États membres et les Communautés Economiques Régionales ;
17. INVITER la Commission de l’Union Africaine à assurer la mise en oeuvre et le suivi des recommandations de la réunion de haut niveau d’Abidjan sur le thème de l’année 2022 de l’Union Africaine sur la résilience nutritionnelle et la sécurité alimentaire.
18. FAIRE un plaidoyer, à l’occasion de la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement de l’Union Africaine, afin que les activités de la feuille de route de l’Union Africaine sur le thème de l’année soient prolongées au-delà de 2022, au regard de la persistance des défis multiformes auxquels se trouve confronté le Continent dans les domaines de la nutrition et de la sécurité alimentaire.
Fait à Abidjan, le 8 décembre 2022