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ADDIS-ABEBA, ÉTHIOPIE – Le Conseil éthiopien des normes a approuvé l’enrichissement obligatoire de l’huile alimentaire et de la farine de blé le 10 juin 2022, une décision qui sauvera des millions de vies.

L’Éthiopie compte parmi les pays où le fardeau des carences en micronutriments est le plus lourd. Selon le rapport d’enquête sur les micronutriments de l’Institut éthiopien de santé publique (2016), l’anémie chez les enfants d’âge préscolaire, les enfants d’âge scolaire et les femmes en âge de procréer se situait à 34,4 %, 25,6 % et 17,7 % respectivement (données ajustées à l’altitude). De plus, la prévalence de la carence subclinique en vitamine A était de 14 % chez les enfants d’âge préscolaire, de 10,9 % chez les enfants d’âge scolaire et de 3,4 % chez les femmes en âge de procréer. La prévalence nationale de la carence en zinc était de 35 % chez les enfants d’âge préscolaire et plus élevée (40,3 %) chez les enfants de 12 à 23 mois, de 36 % chez les enfants d’âge scolaire et de 34 % chez les femmes en âge de procréer. Enfin, la prévalence de la carence en vitamine B12, en folates sériques et en globules rouges chez les femmes en âge de procréer était respectivement de 15,1 %, 17,3 % et 32 %.

Des responsables se réunissent pour coordonner le travail d’enrichissement des aliments en Éthiopie
S.E. Ato Shisema Gebreselassie, ministre d'État éthiopien de l'Industrie (au centre) et des représentants de Nutrition International se rencontrent pour coordonner l'approbation de l'enrichissement obligatoire des aliments.

La malnutrition en Éthiopie constitue un problème de santé publique. Le rapport mondial sur la nutrition de 2018 a classé le pays comme connaissant deux formes de malnutrition – l’anémie et le retard de croissance. De plus, l’Éthiopie présente un niveau particulièrement élevé de carence et d’insuffisance en folates chez les femmes en âge de procréer. Une insuffisance en folates contribue à des taux élevés d’anémie, ce qui peut entraîner des anomalies du tube neural (ATN) – anomalies congénitales graves du cerveau et de la colonne vertébrale –  ainsi que la mortalité néonatale.

Comme elle contribue à augmenter la morbidité et la mortalité, à un apprentissage de moindre qualité et à une plus faible productivité au travail, la malnutrition affecte le développement économique du pays. On estime à 16,5 % du produit intérieur brut de l’Éthiopie le coût de la dénutrition sur l’éducation, la productivité et la santé.

Dans une déclaration sur l’enrichissement obligatoire des aliments, la ministre éthiopienne de la Santé, S.E. Dre Lia Tadesse, a noté que les carences en micronutriments constituent un problème de santé publique important dans le pays. « Il existe suffisamment de preuves pour justifier l’enrichissement obligatoire des aliments en Éthiopie », a ajouté la ministre.

Les ATN surviennent chez environ 131 naissances vivantes sur 10 000 dans le nord de l’Éthiopie, 126 naissances vivantes sur 10 000 à Addis-Abeba et 107,5 naissances vivantes sur 10 000 dans l’est de l’Éthiopie. Ces taux dépassent le taux maximal préconisé par l’OMS de cinq sur 10 000. La carence en acide folique contribue à près de 75 % des ATN. Plus de 90 % de la population, tous groupes confondus, présentent aussi un apport insuffisant en zinc, une carence qui a des effets dévastateurs sur la santé, la croissance, le développement et le bien-être de la population éthiopienne. De plus, les enfants (80 %) et les femmes en âge de procréer (82 %,) ont un apport insuffisant en vitamine A.

« Il s’agit d’un immense progrès vers la résolution du problème des carences en micronutriments. Nutrition International s’engage pleinement à soutenir les ministères et les agences gouvernementales, en collaboration avec d’autres partenaires, dans l’opérationnalisation de l’enrichissement obligatoire des aliments. »

—Dr. Richard Pendame, directeur régional, Nutrition International, Afrique

Les représentants du gouvernement et des organisations non gouvernementales ont félicité le Conseil éthiopien des normes pour avoir assuré l’approbation de l’enrichissement obligatoire de l’huile comestible et de la farine de blé. « L’approbation de l’enrichissement obligatoire par le Conseil des ministres est en effet historique et révolutionnaire », a déclaré la Dre Meseret Zelalem, directrice de la direction de la santé maternelle, infantile et nutritionnelle du ministère éthiopien de la Santé.

« Nutrition International est très reconnaissant envers le Conseil des ministres pour avoir approuvé l’enrichissement obligatoire des aliments », a souligné le Dr Richard Pendame, directeur régional de Nutrition International pour l’Afrique. « Il s’agit d’un immense progrès vers la résolution du problème des carences en micronutriments. Nutrition International s’engage pleinement à soutenir les ministères et les agences gouvernementales, en collaboration avec d’autres partenaires, dans l’opérationnalisation de l’enrichissement obligatoire des aliments. »

Le directeur national de Nutrition International en Éthiopie, le Dr Amare Deribew, a salué ce nouveau développement. « Nous avons constaté un engagement ferme du ministère de l’Industrie et d’autres secteurs importants du gouvernement face à l’adoption de l’enrichissement obligatoire de l’huile comestible et la farine de blé. »

Le ministre d’État de l’Industrie, S.E. Ato Shisema Gebreselassie, a invité les organisations de la société civile et les donateurs à s’unir et à se coordonner afin de fournir un soutien financier et technique au gouvernement et au secteur privé pour mettre en œuvre le programme d’enrichissement obligatoire en Éthiopie.